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La baisse des prix du bois remet en cause les prestations offertes par la forêt à la population. Comment les propriétaires de forêt réagissent-ils? Urban Brütsch, vice-directeur de ForêtSuisse nous répond.
Monsieur Brütsch, plus de la moitié des entreprises forestières sont déficitaires. Comment en est-on arrivé là?
Autrefois, les recettes de la vente du bois couvraient encore la totalité des coûts des entreprises forestières et des propriétaires. Les bénéfices permettaient d’investir dans l’infrastructure ou les machines, afin de diminuer les coûts de production, ou de financer d’autres prestations de la forêt. Cela fait longtemps que de nombreuses entreprises forestières ne sont plus dans cette situation. La production de bois est devenue de moins en moins rentable.
Quelles en sont les conséquences?
Si le risque de fortes pertes se maintient, bien des entreprises devront réduire, voire cesser leurs activités de gestion forestière. Or, des soins continus et ciblés sont nécessaires si l’on veut que la forêt soit en bonne santé et stable face au changement climatique, et avec elle de nombreuses prestations comme la protection contre les dangers naturels, la purification de l’eau potable, la défense de la biodiversité ou encore l’offre d’espaces de détente. Ces services seraient remis en cause.
Quelles sont les solutions?
Il ne reste qu’à continuer de diminuer systématiquement les coûts ou à générer de nouvelles recettes, par exemple en commercialisant des «services non-bois» tels que les infrastructures de loisirs ou le stockage de CO2. Les propriétaires de forêts privés, sans recettes fiscales, livrent de plus en plus de prestations souhaitées ou exigées par le public – en général gratuitement jusqu’ici. Ils ne peuvent pas continuer ainsi.
Certains propriétaires proposent déjà des parrainages d’arbres, des sépultures en forêt ou des certificats de CO2. Peut-on ainsi financer les soins sylvicoles dans le futur?
Des exemples positifs ont montré que l’on peut ainsi générer des revenus supplémentaires. C’est un potentiel encore trop peu utilisé par les entreprises forestières et les propriétaires. Des accords concrets doivent être conclus entre les bénéficiaires (p. ex. les communes) en vue de valoriser les prestations de la forêt.
Comment le WSL et ses chercheurs peuvent-il se rendre utiles à ce sujet?
Il n’existe pas encore de demande commerciale concrète pour les services non-bois de la forêt. Il serait donc utile de disposer d’outils de calcul de la valeur de ces services, comme il en existe déjà pour le stockage de l’eau potable. Nous apprécierions aussi un soutien pour la mise en œuvre pratique des résultats de la recherche, par exemple pour définir le niveau des indemnités correspondant à l’offre d’espaces de détente dans les forêts exploitées.
(Beate Kittl, Diagonal 1/20)