De nouveaux végétaux, témoins du changement climatique

7.3.2019  | Stephanie Kusma | News WSL

Grâce à une approche innovante et à des données historiques, des chercheurs de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL ont analysé dans le canton de Zurich l’évolution de la flore. Ils ont pu l’expliquer principalement en observant la propagation de plantes allochtones.

Le changement climatique et l’évolution de l’utilisation des terres favorisent certaines espèces végétales et en désavantagent d’autres. Dans le canton de Zurich, des scientifiques de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL et de l’Université de Zurich ont identifié les gagnants et les perdants de ces changements grâce à une source de données unique en son genre.

Les plantes établies de longue date dans les zones humides et les prairies maigres ont régressé, tandis qu’en moyenne, les espèces allochtones – ou néophytes – sont devenues plus abondantes. Parmi elles, 66 % se sont propagées lorsqu’on compare les relevés historiques et actuels. Chez les espèces autochtones, moins de dix pour cent y sont parvenues.

«Coup de chance» historique

«Nous avons grandement bénéficié de l’existence de données solides sur la flore historique pour le canton de Zurich», explique Thomas Wohlgemuth. Les spécialistes ont pu se baser sur plus de 19 000 relevés individuels datant de la période 1900-1930, qui ont permis une comparaison directe avec la flore actuelle.

Mais cela ne suffit pas pour identifier les causes de ces changements. Pour ceci, les chercheurs ont analysé pour chaque espèce ce que l’on appelle les valeurs indicatrices, notées selon un barème de 1 à 5.

Par exemple, pour la température, «une valeur indicatrice de 1 pour une espèce signifie que celle-ci pousse dans des endroits où les températures sont fraîches, c’est-à-dire en altitude, et 5 qu'elle aime avoir très chaud», explique Thomas Wohlgemuth. Il existe également des valeurs indicatrices pour l’humidité, la lumière ou les nutriments.

Plus chaud, plus sec et plus riche en nutriments

Pour leur étude, Thomas Wohlgemuth et ses collègues ont fait la moyenne des valeurs indicatrices de différents groupes, par exemple celles des plantes autochtones et celles des néophytes. Il s’est avéré que ces dernières indiquaient le plus clairement l’évolution des conditions environnementales dans le canton, comme l’explique Daniel Scherrer, premier auteur de l’étude.

Leurs valeurs indicatrices signifient qu’elles préfèrent les habitats chauds, secs et riches en nutriments. Leur présence accrue dans les régions correspondantes du canton reflète l’intensification de l’agriculture et l’expansion de l’urbanisation, ainsi que l’assèchement qui en découle dans de nombreuses zones humides.

Un signal climatique clair

Mais l’étude montre aussi clairement que le changement d’affectation des sols n’est justement pas le seul facteur à l’origine de ce constat: «La progression des néophytes est aussi liée au fait qu’il fait plus chaud», explique Daniel Scherrer. Les chercheurs ont ainsi réussi à mettre en évidence un signal climatique dans l’évolution de la flore en plaine, là où, jusqu’à présent, il était difficile de séparer l’influence du climat de celle de la modification d’utilisation des terres.

La comparaison des valeurs indicatrices et des caractéristiques globales de répartition des néophytes et des espèces autochtones a révélé une différence d’environ 1,8 °C dans leurs préférences de température. Cela correspond à peu près à l’augmentation de 2 °C mesurée dans le canton de Zurich depuis l’époque préindustrielle.

«Mais on ne peut pas établir de lien de cause à effet : de nombreuses néophytes étaient déjà présentes avant 1900 et d’autres ne sont apparues qu’au cours des dernières décennies», avertit Daniel Scherrer. «Il est cependant très intéressant de voir que les chiffres correspondent.»

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