Conférence sur le climat COP28: protéger le climat, oui, mais aussi la biodiversité

D'une part, des objectifs de protection internationaux ambitieux ont été fixés non seulement pour le climat, mais aussi pour la biodiversité: pour le climat, un réchauffement maximal de 1,5 °C (objectif de Paris), pour la biodiversité, la protection de 30% de la surface terrestre d'ici 2030 (objectif «30x30» de Montréal).

D'autre part, le climat et la biodiversité sont étroitement liés. Par exemple, les forêts mélangées reflètent davantage la lumière du soleil que les forêts pures de conifères, qui se réchauffent davantage et évaporent donc plus d'eau. Des conditions climatiques stables favorisent la diversité, tandis que la végétation influence le climat par le biais du cycle du CO₂ et de l'eau. Le projet FeedBaCks, mené par le WSL et soutenu par le programme européen Biodiversa+, a exploré ces relations à l'aide de modélisations. Des expertes et experts de la recherche et de la société civile, dont Tom Crowther de de l'ETH Zurich et Johan Rockström, directeur de l'Institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact climatique, ont discuté de ces constats lors de la COP28 à Dubaï, dans la Zone bleue, où se déroulent les négociations officielles (Vidéo de la séance sur YouTube).

Ils en ont conclu que les projets de protection du climat doivent tenir compte de leur impact sur la biodiversité. Par exemple, la déforestation pour les biocarburants ou la création de monocultures pour la séquestration du CO₂ nuisent non seulement à la diversité des espèces, mais remettent également en question de nombreux services fournis à la société par les écosystèmes naturels – de la protection contre les dangers naturels à l'utilisation récréative en passant par la purification de l'eau et de l'air.

«La perte de biodiversité est souvent irréversible, car lorsque des espèces s'éteignent, elles ne reviennent pas», explique Dirk Karger, cofondateur de FeedBaCks au WSL. «La crise climatique et la crise de la biodiversité doivent être traitées de front afin que nous ne perdions pas encore plus d'espèces à cause de la protection du climat que le changement climatique rapide ne nous en fait déjà perdre.»

L'appel lancé par le panel aux spécialistes de la protection du climat lors de la COP28 est qu'ils n'oublient pas la biodiversité lorsqu'ils planifient leurs mesures. Sa perte est aussi grave pour la nature et l'humanité que le changement climatique, d'autant plus que le climat et la biodiversité s'influencent mutuellement. Ainsi, la perte de végétation due aux incendies ou à la sécheresse peut accroître le risque de sécheresse locale. Du point de vue de la protection du climat, il peut sembler judicieux de planter des monocultures d'essences à croissance rapide afin de capturer autant de CO₂ que possible. Cependant, comme les monocultures sont beaucoup plus vulnérables aux chablis ou aux ravageurs, les arbres risquent de mourir rapidement et donc de rejeter le CO₂ capturé dans l'atmosphère.

La direction du projet FeedBaCks explique ces relations dans une prise de position (Policy Brief) qui a été remise aux politiques sous forme imprimée et en ligne dans le cadre de la table ronde et qui appelle à protéger l'irremplaçable diversité biologique et à l'intégrer dans la protection du climat.