«Trouver des solutions avec méthodes créatives»

Manuela Brunner dirige le nouveau groupe de recherche Hydrologie et impact du climat sur les régions de montagne au WSL - Institut pour l’étude de la neige et des avalanches SLF. En se promenant autour du lac de Davos, elle parle de ses travaux et pourquoi ils sont pertinents pour la Suisse en ces temps de changement climatique.

Manuela, tu es géographe et climatologue. Quand as-tu pris la décision de te spécialiser dans les inondations et les sécheresses ?

Je me suis déjà penchée sur cette question dans mon travail de maturité. En 2005, la Suisse a connu des inondations centennales. J’ai alors mené une enquête dans une commune du canton d’Uri pour savoir comment la population avait perçu cet événement extrême. Et lorsque, des années plus tard, j’ai cherché un sujet pour mon mémoire de master, il m’a semblé évident de m’intéresser à nouveau aux inondations.

En tant que responsable de groupe, tu peux maintenant te concentrer pleinement sur cette tâche. Qu’est-ce que tu fais exactement ?

Je quantifie où quel type d’événement extrême peut se produire et à quelle fréquence, et comment la probabilité de cet événement va évoluer à l’avenir, aussi bien pour les inondations que pour les sécheresses. Ces deux éléments sont très importants pour les processus de planification, surtout en période de changement climatique.

Donc ce travail est aussi pertinent pour la société, en particulier en Suisse.

Sans aucun doute. En géographie, il est fortement question de liens entre la société, l’économie, l’énergie et les sciences naturelles, et il en va de même pour les sciences climatiques. Je trouve cela passionnant. Pour concevoir des ouvrages hydrauliques tels que des barrages, il faut par exemple connaître l’ampleur de la plus grande crue possible. Ce n’est qu’alors que l’on peut dimensionner l’ouvrage en conséquence. Nous étudions également les effets positifs des lacs de retenue sur la pénurie d’eau. Et puis, il y a les plans d’urgence pour les situations extrêmes. Il est aussi nécessaire de savoir à l’avance à quels événements les responsables de la protection civile sur place doivent se préparer dans le pire des cas. Nos résultats sont pris en compte dans l’élaboration de ces plans. Cependant, la plupart du temps, ils n’ont des applications pratiques que des années plus tard.

Ce qui signifie que ?

La recherche sur la sécheresse illustre bien ce point. Actuellement, la politique agit plutôt de manière réactive en fonction des événements que de manière proactive sur la base des résultats de la recherche. Bien sûr, il y a aussi les questions dont la réponse n’a pas forcément une utilité pratique directe sur le moment. Mais de tels résultats pourraient être utiles à l’avenir. En revanche, il y a des questions pour lesquelles je m’inspire de problèmes actuels et pratiques. Nous cherchons alors des solutions avec des méthodes créatives et de nouvelles approches scientifiques. Et nous avons des demandes concrètes.

Tu as un exemple ?

Oui, la question de la pénurie d’eau était l’une de ces questions que se posaient la Confédération, les cantons et les communes, c’est-à-dire les politiques. Peut-on utiliser des réservoirs d’eau pour réduire la pénurie d’eau ? C’est le sens d’un mandat émanant du Parlement. Cela a vraiment intéressé concrètement quelqu’un, donc en plus de moi en tant que chercheuse, d’autres personnes de la pratique.

Est-ce que tu fais bouger les choses au niveau social avec ta recherche ?

J’ai étudié avec Elke Kellner, qui est sociologue, le potentiel qu’un réservoir d’eau aurait dans une région donnée, non seulement pour la production d’électricité, mais aussi comme stockage en cas de pénurie. Nous avons réuni la perspective des sciences naturelles et celle des sciences sociales. Et Elke s’est alors demandé pourquoi les pénuries n’avaient jamais été prises en compte par le passé dans tous les processus de décision concernant les nouveaux réservoirs. Il s’agit là également de politique et de conflits d’intérêts, et l’étude a donc à nouveau des répercussions sur la politique.

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